Mobilisation des sans-facs de
Nanterre, un combat juste
TRIBUNE,
Libération, publiée le 11 novembre 2021
https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/mobilisation-des-sans-facs-de-nanterre-un-combat-juste-20211111_ERCFNXT55RCWRHSMN2NKAJXHDI/
Un collectif
d’enseignants et personnels de l’éducation apporte son soutien aux sans-facs et
militants étudiants qui occupent depuis le 27 octobre les bureaux de la
présidence de l’université Paris-Nanterre.
Depuis début septembre, ils et elles ont engagé une
mobilisation pour inscrire des étudiant·e·s resté·e·s sans affectation à
l’université. Chaque année plusieurs milliers d’étudiant·e·s se voient refuser
le droit élémentaire de pouvoir étudier, à cause de la sélection mise en place
à l’entrée de l’université. Cette sélection touche en premier lieu les
étudiant·e·s issu·e·s des classes populaires.
Cette sélection est le résultat d’une politique de pénurie
budgétaire qui touche l’enseignement supérieur, au même titre que l’ensemble
des services publics.
Le combat
des enseignant·e·s mobilisé·e·s ces dernières années, de la grève du bac à
celle des E3C, a toujours été mené à la fois contre les réformes Blanquer et
contre Parcoursup, qui en mettant en place la sélection à l’université a vidé
le bac de sa première fonction : être le premier grade universitaire ouvrant la
porte de l’enseignement supérieur.
Une fois le
bac vidé de son sens, la porte était grande ouverte à la casse de ce diplôme
national et du lycée public.
Le droit inaliénable à étudier pour toutes et tous
Le combat des sans-facs et de leurs soutiens a donc
toujours été le nôtre, c’est celui du droit à l’éducation pour toutes et tous,
celui du refus de la sélection sociale, celui d’une répartition des richesses
en fonction des besoins de la majorité de la population. Alors que le
gouvernement a distribué 500 milliards d’euros au patronat pendant la crise
sanitaire, il refuse d’octroyer les 20 milliards nécessaires sur 10 ans pour
faire face à l’augmentation du nombre d’étudiant·e·s.
Alors que nous sommes plus d’un mois après la rentrée
universitaire et que l’action d’occupation a débuté depuis plus de 5 jours, la
présidence de l’université de Nanterre refuse toujours de s’engager à inscrire
les 61 étudiant·e·s dont les dossiers restent en souffrance. Elle met en avant
le manque de places comme motif de ce refus. L’université de Nanterre accueille
plus de 30 000 étudiant·e·s. Il est faux d’affirmer que 61 personnes
supplémentaires feraient exploser la capacité de fonctionnement de cette
université.
La pénurie budgétaire réelle qui frappe l’ensemble des
universités ne peut pas être combattue en acceptant de sélectionner les
étudiant·e·s. Bien au contraire, elle ne peut se combattre qu’en réaffirmant le
droit inaliénable à étudier pour toutes et tous. Elle se combat en refusant de
voter ces budgets d’austérité dans les conseils d’administration. Comme dans le
premier et le second degré, avec les combats pour l’ouverture de classes
supplémentaires, pour l’augmentation des DHG, les étudiant·e·s et les
personnels doivent se battre dans le supérieur pour une augmentation des
budgets et des places à l’université.
Le président de l’université de Nanterre a le pouvoir
d’inscrire ces 61 étudiant·e·s restant·e·s dans son université et d’ainsi
participer en acte à ce combat pour le droit à l’éducation pour toutes et tous.
Nous, enseignant·e·s et personnels de l’éducation,
soutenons les sans-facs et leurs soutiens dans cette action d’occupation
jusqu’à la satisfaction de la revendication de l’inscription des dossiers
restants.
C’est pourquoi nous appelons, en tant que personnels de
l’éducation et membres de la communauté éducative, la présidence de
l’université de Nanterre, à prendre ses responsabilités pour trouver une issue
rapide à ces problèmes d’inscriptions.
Premiers signataires : Frédéric Lordon, directeur
de recherche au CNRS ; Willy Pelletier, sociologue, université de
Picardie ; Ludivine Bantigny, historienne, université de
Rouen-Normandie ; Laurence De Cock, historienne, enseignante, université
Paris-Diderot ; Frédéric Grimaud, professeur des écoles, chercheur au
Chantier Travail du SnuiPP-FSU ; Ugo Palheta, maître de conférences,
université de Lille ; Véronique Decker, directrice d’école retraitée ; Rodrigo
Arenas, ex co-président de la FCPE nationale ; Isabelle Vuillet,
co-secrétaire générale de la CGT Educ’action ; Kévin Le Tétour, Biatss,
co-secrétaire fédéral Sud Education.
Premières signatures collectives CGT Educ’action
(Union nationale des syndicats de l’Education nationale, UNSEN-CGT), Fédération
Education & Recherche de la CNT-SO, Fédération Sud Education, CGT
Educ’action 92, Sud Education 75 et 92, Union départementale CGT 92 et 94, CGT
Educ’action 13, 33, 75, 80, 95, 94, CGT Educ’action Aquitaine, Clermont-Ferrand
et Reims, Emancipation tendance intersyndicale, Comité de soutien aux 4 de
Melle, CNT-SO EPICS-FP Aquitaine
Retrouvez tou·te·s les signataires de ce texte : https://vu.fr/signataires-tribune-sans-facs