jeudi 25 avril 2013

François HOLLANDE : le zéro économique ou le chômage pour tous

La situation 

Les médias nous disent que le parti socialiste à tous les pouvoirs : municipalité, départements régions, le Sénat, l’Assemblée nationale.

C’est évidemment une absurdité puisque qu’il ne dispose pas du vrai pouvoir. Celui de l’économie et des finances.

Parmi les derniers mensonges de François Hollande, mentionnons celui de la renégociation du pacte de stabilité et de croissance qui comporte la fameuse « règle d’or ». 

La réduction du déficit budgétaire fixée à 3,0 %. Le gouvernement a été obligé en février d’admettre qu’il n’y parviendrait pas. Les dernières prévisions font état d’une croissance nulle, voire d’une récession en 2013.  

Le seul effet  de cette politique sera l’austérité, la récession, moins de recettes fiscales et surtout une perte de pouvoir d’achat,  plus de chômage.

En 2012, 266 entreprises ont fermé en France, plus d’un millier depuis 2009. Cela ne concerne pas que les grands groupes Peugeot, Virgin, Arcelor Mittal, Goodyear, etc. Les industries qui ont fermé avaient en moyenne 71 salaries. La télé, les journaux n’en parlent peu, voire pas du tout.

Récemment dans une émission de télévision, Jérôme Cahuzac, ex ministre du Budget, a osé dire que la lutte des classes n’existait pas. Il faut dire qu’il n’est pas à un mensonge près, en vous parlant les yeux dans les yeux. La fraude fiscale l’aura rattrapé.      

Warren BUFFET, la plus grande fortune du monde en 2008,  un vrai capitaliste conséquent avait  déclaré sur CNN en 2005 : "Il y a une guerre des classes, où ma classe gagne de plus en plus, alors qu'elle ne le devrait pas." ("It's a class warfare, my class is winning, but they shouldn't be.") 

Warren Buffet affirme que les riches ne se sont jamais aussi bien portés "We  never had it so good"  et qu'il serait ainsi judicieux d'élever les taxes les concernant.

Warren Buffet et les grands industriels ont gagné la lutte des classes. 

Désolé Jérôme Cahuzac, le menteur hors normes ! Désolé François Hollande, Le socialisme libéral ne peut résoudre en France la question du chômage. Pourquoi ? Plusieurs raisons à cela. 

Tout d’abord rappelons qu’il ne faut pas confondre cette notion avec celle plus ancienne et britannique du social-libéralisme. La confusion est  courante.  

C’est Michel Rocard  lors du congrès de 1977 du parti socialiste qui met en avant cette notion, associée à celle de « deuxième gauche » Il entend avec ses  soutiens  valoriser une culture de gauche « décentralisatrice » face à celle, jusque-là dominante, marquée par l'étatisme et le marxisme. 

En 1999, Tony Blair et Gerhard Schröder publient ainsi un manifeste commun, fortement empreint d'idées libérales et plaidant pour « une Europe flexible et compétitive » . 

Lionel Jospin se positionne à l'encontre de cette « troisième voie » trop ouvertement libérale. Il  juge pour sa part que la conversion à l'économie de marché, ne doit pas équivaloir à l'acceptation d'une « société de marché » car le marché en lui-même ne produit pas de valeurs ni de sens.  

Selon Lionel Jospin, les socialistes ne doivent  se définir  comme des « libéraux de gauche ». La social-démocratie doit être conçue comme « une façon de réguler la société et de mettre l'économie de marché au service des hommes ». (Belle déclaration qui ne fait pas oublier son abandon des salariés de Michelin à Clermont-Ferrand).  

Ce  n’est pas cette conception que reprend François Hollande, jean Marc Ayrault et consorts mais plus plutôt celle de Dominique Strauss Kahn. 

Avant la connaissance par le public de ses pratiques sexuelles délirantes,  il était l’un des principaux « modernistes » du PS.  Il défendait une voie dite « médiane » entre les défenseurs du socialisme redistributif traditionnel et les libéraux-socialistes et a cherché dans les années 2000 à définir un « socialisme de la production » destiné à remplacer le socialisme de la redistribution qu'il juge « à bout de souffle ». 

Socialisme de la production que cache ce terme, Liberté donnée aux chefs d’entreprises pour la « flexi-sécurité » ou au contraire participation des salariés aux grandes décisions en particulier la formation, l’investissement, la création d’un fonds de conversion.

Heureusement les critiques de la gauche antilibérale vont fuser. Depuis de la gauche du socialisme démocratique (une partie du PS actuel Noëlle Lienneman, Arnaud Montebourg, par exemple) jusqu'à l'extrême gauche.

Avec l’éclatement des partis sociaux démocrates : c'est le cas en Allemagne, de Die Linke,  dirigé par Oskar Lafontaine, ou en France du Parti de gauche dirigé par Jean-Luc Mélenchon qui dénonce les dirigeants du PS comme des tenants d'un « socialisme libéral dépassé ». 

Ce socialisme libéral a pour composante principale, selon nous, [la «religion du compromis ». 

Elle suppose un contexte de croissance économique suffisant par accorder, selon la phrase célèbre du syndicaliste de FO André Bergeron, « du grain à moudre » ou autrement dit, de  redistribuer des miettes de la croissance aux salariés.  

Et un contexte international où le patronat ne sent pas tout puissant comme dans la période avant 1989. Reagan et Thatcher balaierons tout cela et la finance avec la dérégulation achèvera le travail. 

La religion du compromis, c’est un moyen pour résoudre les conflits entre les syndicats et le patronat. Ce n’est pas une politique gouvernementale.   

Cela suppose, comme en Europe du nord, en Allemagne, des syndicats forts ayant de nombreux adhérents, une certaine forme de cogestion (très discutable d’ailleurs) dans les entreprises.  

Cela suppose des organisations patronales capables de prendre des responsabilités et de les imposer aux milliers de grands, moyens et petits patrons en supposant qu’elles le veuillent. Entre le MEDEF et la CGPME, les conceptions s’affrontent. 

En France, seule la représentation nationale par l’intermédiaire du Parlement peut promouvoir des lois qui limiteront l’arbitraire patronal. 

Le patronat ne peut être « raisonnable », cela ne veut pas dire que les dirigeants d’entreprises, les actionnaires soient des crétins. 

La logique du système capitaliste est celle du rapport des forces, vis-à-vis des salariés, vis-à-vis des autres entreprises (la sous-traitance, en particulier), de la « sacro-sainte» concurrence. 

Prenons, par exemple, le secteur du numérique ; l’entreprise finlandaise NOKIA dominait le téléphone portable de première génération. Aujourd’hui ce sont les téléphones mini ordinateurs (smart phones), les tablettes qui les remplacent et les finlandais vont être mis au chômage.  

Le géant Intel qui détenait presque un monopole sur les microprocesseurs des ordinateurs est lui même en difficulté. L’avenir là encore, c’est la tablette, le smart phone. 

Rappelons la chute de Kodak causée par les nouveaux appareils photos numériques (fermeture l’usine en Bourgogne) 

Rappelons la fermeture du géant mondial de l’automobile Général Motors qui a réclamé d’être nationalisé. Un comble !   

Aujourd’hui le rapport de force n’est pas favorable aux salariés. Cela ne signifie pas qu’il faille abdiquer.  

Il faudra vivre avec le capitalisme, ce qui ne veut pas dire que l’on ne peut pas le contraindre, en particulier le capitalisme financier qui ne crée aucune richesse réelle. 

Oui les licenciements boursiers doivent être interdits. Oui Il faut séparer les banques de dépôts des banques d’affaires. Même les anglais l’ont fait. 

La privatisation de la dette souveraine a été faite par M. Pierre Bérégovoy. Avec pour résultat : les deux tiers de la dette sont aujourd'hui à la merci des marchés.  

Voici quelle est la présence des banques françaises dans les paradis fiscaux :



BNPP
Crédit Agricole
Société Générale
Luxembourg
136
60
41
Irlande
42
24
12
Hong Kong
30
17
6
Suisse
28
17
10
Îles Caïmans
24
2
2
Singapour
18
12
3
Chypre
10
5
1
Autres
46
13
16
Total
334
150
91


Source CPO rapport particulier n°3, page 65

La BCE ne peut intervenir, modifions les traités européens.

Le socialisme libéral de François Hollande cautionne l’accord récent entre le MEDEF et des organisations syndicales minoritaires en nombre d’adhérents, accord qui est une vraie régression sociale (ANI : Accord National Interprofessionnel).
- Les licenciements seront plus faciles à obtenir. 
- On introduit un contrat intermittent sur les emplois permanents.
- Les contrats à durée déterminée de plus en plus courts deviennent la règle pour les jeunes.  
- La taxation de certains CDD n’est pas vraiment contraignante.

Même dans le secteur public, ils deviennent la règle. Récemment une chercheuse dans la recherche médicale (INSERM) après 10 CDD renouvelés vient de rejoindre les chômeurs.

Le gouvernement de M. Ayrault est en place depuis suffisamment longtemps pour agir. Le contrat de compétitivité

Avez-vous oublié que c’est le gouvernement socialiste de M. Lionel Jospin qui a privatisé les banques françaises les compagnies d’assurances, Crédit Lyonnais, CIC, CNC, GAN ? La droite a suivi.

En résumé, le socialisme libéral est d’une timidité incommensurable face au vrai pouvoir économique et financier.

Quelques pistes pour agir qui ne constituent pas encore programme

Quelques exemples concrets qui n’ont rien de révolutionnaire mais qui peuvent contraindre le capitalisme débridé.

- Certaines entreprises françaises sont contrôlées par des fonds de pension étrangers qui ne  visent que la rentabilité immédiate et qui n’ont que faire de leur développement. Exigeons que la moitié des capitaux au moins soit détenue par des entreprises françaises. Beaucoup de pays le font !

- Dans les moyennes et petites entreprises, supprimons le patronat de droit divin et faisons entrer les salariés au conseil d’administration. Sans les salariés, il n’y a aucune production de richesse, de biens de services. Ils  méritent d’être reconnus, de participer aux décisions.

- Nationaliser à 100 %, sauf pour certaines banques, l’armement,  n’est pas toujours une  solution si l’on ne donne pas des moyens et une définition à long terme du développement, une politique de formation  à court et à long terme qui permettra aux salariés d’avoir de nouvelles compétences dans des emplois nouveaux.On sait depuis Schumpeter, un grand économiste du XXe siècle qui était loin d’être un révolutionnaire, que le capitalisme est un système de destruction créatrice. Il commence par détruire puis innove.

Il faut donc prévoir dans les plans des entreprises des réserves financières, des budgets de formation et de conversion et obliger les patrons à financer un fond de mutation.

Les emplois de demain ne seront pas les emplois d’aujourd’hui.   

D’autres voies possibles encore

- Développons un partenariat public privé avec une participation de la puissance publique au capital pour aider des jeunes et moins jeunes entreprises innovantes.

Cette participation peut être temporaire. Ainsi nous aurions de nouvelles recettes via les dividendes pour financer la dépense publique sans augmenter la pression fiscale sur la population. Oui les entreprises n’ont pas vocation à être subventionnées, faire du bénéfice est normal mais son affectation doit bénéficier à toute la population.

- Reprenons les sociétés d’autoroute bradées au privé. Même François BAYROU s’est scandalisé de cet abandon.

Développons des formes d’entreprises qui n’ont pas la maximisation du profit des actionnaires pour seul enjeu comme les sociétés coopératives de production, les entreprises de l’économie solidaire. Elles ne trouvent pas facilement un financement pour se développer.

On dira que ces quelques exemples ne suffisent pas. Certes. Toutefois le capitalisme n’est pas éternel et n’a que 250 ans. Mais depuis l’effondrement en 1989 de ce que certains ont osé appeler « le socialisme réel », en fait un capitalisme d’Etat avec le GOULAG, la STASI (voir le superbe film LA VIE DES AUTRES), le peuple s’est détourné du socialisme.

Certes, il existe certains penseurs en France comme André GORZ, décédé maintenant, qui osent penser le dépassement du capitalisme, au niveau international Joseph STIGLITZ, prix Nobel d’économie..

Ne nous résignons pas.

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