lundi 15 avril 2013

Prohibition 2013 : alcool et canna-bis… repetita




En 1919, la vente et la consommation d’alcool sont interdites sur tout le territoire étasunien. Dès 1921, les gangs de bottlelegers fleurissent. Avec la crise de 1929, le trafic recrute les plus démunis qui trouvent là un moyen de survivre. Les chômeurs deviennent distillateurs, les mères de famille cachent l’alcool chez elle, les jeunes désœuvrés des banlieues s’occupent des livraisons, leurs petits frères font le guet… Toute une économie parallèle se met en place. 
Avec l’argent que le trafic rapporte, les gangs se livrent des guerres de territoires. Ils s’arment lourdement, les cités populaires connaissent des vagues de crimes liés au trafic. L’état détourne les agents de leur mission de police régulière pour lutter contre le trafic, lutte de plus en plus dispendieuse. Les trafiquants, sans foi, ni loi, n’hésitent pas à mettre sur le marché des alcools frelatés qui en laissent plus d’un sans foie ni voix…
En 1933, le gouvernement américain fait les comptes. En terme de sécurité, la situation est devenue catastrophique. En terme de santé publique, c’est une apocalypse. En terme économique, c’est une faillite puisque le trafic ne rapporte pas un dollar de taxe, mais le budget de lutte contre le trafic augmente tous les ans. En terme de résultat, c’est le pompon, jamais les américains n’ont bu autant d’alcool !

Si cette situation nous rappelle étrangement celle que nous vivons avec le cannabis en France, il y a une différence notable. Aux USA, les gouvernements ont compris leur erreur en 14 ans, en France, cela fait cinquante ans qu’ils s’entêtent ! Et :
• les cités sont devenues invivables,
• les armes inondent les quartiers,
• les règlements de compte se succèdent à Marseille comme au Petit-Colombes.
• Les jeunes privés d’emploi succombent au trafic,
• qui les mène en prison,
• qui les mène systématiquement à la délinquance pure et dure.
«  Je suis entré à Fleury avec un CAP de petit dealer, j’en suis ressorti avec un bac de grand braqueur ! » dit l’adage, prouvé par une enquête récente sur la récidive.

Qui est responsable de cet état de fait ? Qui défend la prohibition du cannabis et dans le même temps, sait pertinemment que la consommation est un usage commun ? La prohibition du cannabis est une hypocrisie criminelle qui pourrit la vie de nos quartiers et n’arrange en aucun cas les problèmes de santé publique.

La ministre de la famille justifiait le mariage pour les homosexuels en déclarant « C’est simplement une loi qui régularise un état de fait. » Est-ce que les maires auront l’occasion de célébrer 4,5 millions d’unions homosexuelles ?  Mais les 4,5 millions de consommateurs de cannabis auto-déclarés* aimeraient bien qu’on régularise un phénomène de société, et que l’on considère les Français comme des adultes lorsqu’il s’agit de cannabis, comme pour le tabac et l’alcool.
Avec la fin du trafic, peut-être, cela ira mieux dans nos quartiers, s’il n’est déjà trop tard…

* Sans compter tous les consommateurs réguliers et occasionnels qui ne le disent pas, des fonctionnaires notamment, des employés de mairie par exemple et… des élus, bien entendu.

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